Apprendre avec des baguettes
12 décembre 2007 § 3 Commentaires
La machine à café de luxe fait un bruit de cochon qu’on égorge. Je dois m’habituer à ces réveils matinaux dans le noir et le froid humide, mais sans la neige.
Contradictions. Après presque trois semaines à baragouiner l’italien et l’anglais, je me réjouissais hier d’arriver, de rentrer à la maison, dans un pays où on parle français (légère culpabilité à l’idée d’avoir gémi quelques semaines plus tôt), mais voilà que j’ai dû m’y prendre encore à deux fois pour obtenir une baguette à l’ancienne*. On me donna du “Pardon ?” dédaigneux. J’avais oublié qu’il fallait dire “à l’oncienne”. Que le lecteur (s’il en est un) ne s’y trompe pas, j’en ai ri cette fois encore. Mais si je sais que le dédain pour l’étranger est un fait de tous pays, il me laisse tout de même songeuse.
* Il y a la baguette tout court. Il y a aussi la baguette tradition, la baguette au levain, la ficelle, la baguette qu’on demande “bien cuite”, ou “croustillante”, ou “tranchée”. Oui, certains achètent leur baguette tranchée en deux pour ne pas porter ce long truc intransportable. Il y a aussi la tourte au levain, et la “petite” tourte au levain, vendue au poids. Et là, une fille comme moi doit prononcer “levant”. Ce que j’ai entendu de plus drôle ? Une dame demandait une demi-baguette (plus pratique pour les célibataires) “à deux bouts”. Je ne savais pas qu’on pouvait apprécier les quignons à ce point.
Curieuse impression qu’en aimant la France de plus en plus (oui toutes ces manifs et tous ces râles collectifs me réconfortent : on se mobilise devant une droite trop bien portante, quand bien même ce serait pour rien), je trahis le Québec, comme si je le cocufiais. Mais ça ne sera qu’une liaison temporaire.
« De la nécessité d’obtenir un sans-faute dans les boulangeries et pâtisseries parisiennes »Chapitre XIV: Savoir choisir un gâteau, trouver son nom exact, son prix, le désigner du premier coup, avant le premier soupir de l’employée, derrière le comptoir.Leçon 19: Ne jamais hésiter entre « au beurre » et « ordinaire ».
et pourtant il n’y a plus de manifs. Tout le monde à la niche.On a m^me pas eu notre su-sucre.libertad
Ouais, bon, euh…