petite étoile
1 novembre 2014 § Poster un commentaire
petite étoile
te souviens-tu de mimi
qui cessait de briller
par jalousie
dessins en pointillé
style années soixante-dix
souvent tu me disais
fais pas ta mimi la petite étoile
et ça suffisait, j’avais compris
c’était idiot de faire la baboune
cette crasse portée encore
13 mars 2009 § 5 Commentaires
J’écris ce texte alors que je suis installée (encore) dans le paisible rez-de-jardin de la bibliothèque*, pour un instant la musique du dernier disque de Louise Forestier dans les oreilles. Écouter ce disque ici me plonge dans mille émotions contradictoires. D’abord j’ai beau trouver les paroles de certaines chansons médiocres (j’écoute seulement sept chansons sur onze, jamais jamais ! la première), voilà c’est dit, j’aime ce disque. C’est plus fort que moi. Peut-être parce qu’il me rappelle mon dernier vol effectué en solitaire, en partance pour Montréal l’automne dernier. Sans être convaincue, impatiente au-dessus de l’Atlantique, je zappais les disques au hasard sur le siège devant moi. La chanson “Loin d’ici” s’était mise à se déployer dans mes oreilles, et aussitôt me gagnait le sentiment de retrouvailles, le sentiment de voler droit vers mon amie Françoise**, amie c’est peu dire, âme sœur, par ailleurs féministe engagée – sans être enragée, et qui ne connaît pas ce lieu, faute d’être “branchée”. Cette chanson était un pont qui me menait vers elle et vers moi. Et je retrouve cette émotion à chacune de mes écoutes – parcimonieuses, réservées aux trajets de RER vers la Maison de la radio, aux marches nocturnes vers le 4e étage, aux longs itinéraires de métro – ligne 4 et ligne 14.
Oui je sais vous le savez, au fil de mon acclimatation j’expérimente des sensations inattendues, comme de drôles de bouffées émotives très intenses mais floues, mal localisées, qu’on dirait liées à la misère de mes ancêtres, à la mienne d’il y a quelques années, celle de mes parents (qui ne s’adressent plus la parole depuis l’an 2005, ma mère s’étant révoltée à l’âge de soixante-quatre ans, convaincue après plus de trente ans de loyaux services serviles qu’il valait encore mieux s’y prendre tard que mourir). À la seule pensée du pays perdu j’ai parfois l’amour triste (oui, oui), qui déborde au point de se transformer en petites larmes, presque invisibles, sans que je sache très bien à quoi elles sont dues.
*En pile à mes côtés, mes amis, mes frères et soeurs secrets, que je ne connais pas assez: Saint-Denys Garneau, Blais, Godbout, Aquin (pour les jours tristes). Parfois je ne les consulte pas. Ils ne font que m’accompagner. C’est déjà beaucoup.
**Françoise, la première, sans le savoir, à m’avoir fait croire qu’un ailleurs était possible, à force de nuits de discussions dans un sous-sol crasseux d’une ville tout aussi crasseuse.
une valise, un mur, un peintre déçu
28 mai 2008 § Poster un commentaire
Des dizaines d’années à s’engouffrer dans le silence pour se protéger des plaintes, du vide, d’une absence omniprésente, et d’une plaie mal guérie. Devenir physiquement (et définitivement) sourd à force de construction de ce mur autour de soi, tel un peintre déçu devenu aveugle. Confier la parole aux autres, les laisser parler pour deux, même s’il faut que ce soit de manière erronée. S’enfoncer dans la paresse du verbe entièrement cédé à l’étranger. Couper les liens, rendre le contact impossible, et pourtant, malgré tout, souhaiter son existence. C’est dire adieu bien avant la mort. C’est crier sans souffle, le ventre vide, c’est retrousser ses manches en baissant les bras.
Ouvrir sa porte, offrir sa maison à une mère qui ne vous entend plus et n’a jamais pu vous connaître.
intranquillité
8 juillet 2007 § Poster un commentaire
Elle me fait oublier le bois, l’écume de la cascade, me rappelle mes racines malades, tout ce qu’il ne faut pas être. J’ai un creux dans le corps. Pourtant il faut rire : c’est les vacances.
Je voudrais m’accrocher à ces orchidées indigènes aperçues par dizaines, me suspendre à leur gorge rose. Me réfugier dans la musique. Où est la maison, où est le noyau ?
Pessoa est un compagnon. Je comprends qu’il se soit fait à la fois innombrable et invisible.