vitrine et autres tuiles

24 février 2009 § Poster un commentaire

J’ai bien essayé de rester calme mais.

Tous les matins en arrivant à la bibliothèque, je lis Le Devoir presque en entier grâce à mon abonnement au format pdf – on dirait une pub, hein – que je télécharge au petit matin tandis que le Québec est encore plongé dans son sommeil paradoxal. (Parce que Le Devoir est introuvable en France. On peut le consulter sur papier à la Bibliothèque nationale avec une semaine de retard. Sinon rien. Même la Librairie du Québec* ne le tient plus. Pourtant il faut voir tous les quotidiens étrangers qu’on retrouve aux kiosques à journaux, et dans toutes les médiathèques de la ville – deux ou trois médiathèques par arrondissement… de quoi halluciner.) Les nouvelles lues me consternent très souvent, et certains matins comme aujourd’hui, elles me désolent et me révoltent à un point… Quel gâchis que ces gouvernements… Mais que se passe-t-il donc ? Peut-être que je perds de vue certains périodiques engagés, mais il me semble que presque personne ne monte aux barricades. Est-ce que je me trompe ? Montréal n’est plus qu’un gigantesque nid-de-poule. Les libéraux fédéraux laissent passer des réformes conservatrices totalement inacceptables – croyant sauver leur peau en risquant celle de toute une population. Les souverainistes n’ont jamais été si lâches, si raplapla, et la souveraineté si hors propos, voire hors-champ. Les radio-poubelles vont bon train. Le rayonnement des artistes canadiens à l’étranger est plus que compromis : il est déjà sous la guillotine. La culture est devenue une blague (d’ailleurs le nouveau site Web de Radio-Canada annonce maintenant une section “divertissements” en remplacement de la section culturelle, qu’ils étaient incapables de rendre dynamique, ça, on leur accorde)… Il me semble que cela en dit long. Je me trompe ou bien tout dégringole à une vitesse folle ? Je me demande toujours si mes impressions s’accentuent anormalement compte tenu de mon exil, ou si mes impressions sont justes.

*Pardonnez-moi mais quel endroit sinistre et sans âme… Un éclairage aux néons avec plafond à tuiles suspendu qui me rappelle les tristes locaux de mariage du palais de justice de Québec… Bien sûr ils ont peu de moyens (et je salue leur courage je vous assure ! défendre la littérature québécoise chez les Parisiens – provincialissime à leurs yeux, sauf exception – est plus qu’héroïque), mais ce peu de moyens, entre autres, est inacceptable. C’est un lieu de diffusion plus important qu’on ne pourrait le croire : la seule vitrine vouée à la littérature québécoise en sol européen. Malheureusement, faute d’investissements des gouvernements dans cette petite infrastructure (enfin c’est ce que je déduis – dites-moi si je me trompe, et puis c’est peut-être le choix du propriétaire), les livres sont vraiment trop chers. Combien de Parisiens paieront quinze euros pour un format poche ? un exemple : Neige noire d’Aquin en poche (BQ) : 17 euros 50, c’est-à-dire environ 28 dollars ! Bien sûr, les coûts de transport… Mais. Est-ce normal pour une vitrine de cette importance ? On me dira : encore heureux, ce lieu existe, et on pourrait se demander pour encore combien de temps. Mais pourquoi toujours se contenter de peu ? Y a-t-il un médecin dans la salle ? Une vitrine terne et trop chère est presque un coup d’épée dans l’eau… non ? Mais tout cela n’est qu’un symptôme bien sûr. Je vous redemande pardon.

Je suis toujours dans mon refuge appelé BnF. Allez, une fois de plus cette parenthèse dans ma journée : je vais consulter quelques bouquins de la section “Auteurs américains d’expression française”, me recoltiner aux colères de mes compatriotes, histoire de me remonter…

Qu’est-ce que nous sommes bernés !
Mais je n’en parle plus, promis.

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Méta

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