sans visage
25 juin 2014 § Poster un commentaire
Dans le flou de leur souffrance rarement énoncée, mon mari et mon pays se rejoignaient. Leur honte d’avoir grandi sans visage – de ne plus s’en souvenir – n’avait d’égale que leur gentillesse. Plus ils perdaient leurs traits, plus ils se montraient gentils avec leurs camarades, obéissants avec leurs maîtres, serviles avec leurs voisins. À force de chercher l’aval d’un plus fort, plus grand, plus mère, plus père, plus protecteur, le Liban se revêtit peu à peu du réflexe affectif du colonisé qui s’attache à sa propre négation.
Hyam Yared, La Malédiction (éd. des Équateurs, 2012)
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