station châtelet
19 février 2009 § 4 Commentaires
Station Châtelet, heure de pointe (c’est-à-dire 18h30), pour rentrer chez moi je descendais vers la ligne 14 au milieu d’une marée humaine. En travers d’un grand couloir, par dizaines ou par centaines ils fonçaient, les humains, à ma gauche, à ma droite, direction inverse de la mienne. Une musique un peu tordue dans les oreilles j’ai eu cette drôle d’impression, comme un souvenir : ce courant dense et rapide me rappelait ces trajets en voiture la nuit en pleine neige abondante, l’illusion d’optique créée par les flocons illuminés par les phares, fonçant vers la voiture. Ou alors je me suis revue traverser l’autoroute Dufferin à pied, tard le soir en hiver, poussée par le vent, avançant moi-même comme un flocon parmi les autres.
La semaine dernière j’apprenais que ma vie allait basculer (non pas grâce à la naissance d’un enfant mais à celle d’un roman). Après quelques jours d’euphorie, et même pendant ces quelques jours, les questionnements et doutes fusent. Parmi ceux-ci : publier en France est-il un acte de trahison ? Nul doute, il y a une contradiction* : d’une part je voudrais contribuer à ma modeste mesure, de l’autre je déserte un peu, en tout cas pour encore quelques années. Mais enfin s’il y a des contradictions, certains sentiments se renforcent. Je ne me suis jamais sentie si près du pays que j’ai quitté que depuis que je l’ai quitté (passion amoureuse…?), et je ne pourrai jamais renier mes origines. Elles façonnent ce que j’ai à dire et ma façon de le dire. Venir à Paris c’est avant tout avoir choisi quelqu’un, et c’est surtout profiter de l’abondance (pour rappeler la boulimie d’Hubert Aquin dans ses années parisiennes). Tout ce savoir accessible, ce temps qui ne s’étire pas de la même façon, la valeur accordée à la culture. Tout cela à glisser dans un sac à malices en attendant la suite… Cette abondance ne m’empêche pas de souffrir régulièrement au constat du gouffre d’ignorance se creusant entre la France et le Québec.
* Mon prochain projet tentera d’aborder ces contradictions. Enfin c’est ce que je souhaite. Par les temps qui courent je me plonge (avec délice et douleur) dans des lectures québécoises à la bibliothèque. Je me crée une bulle boréale au milieu de Paris.
Wow ! Félicitations ! Chez quel éditeur vas-tu être publiée ? Quand ? Le titre ? Des détails !
Merci ! c’est agréable, cet enthousiasme. Ça pourra paraître étrange comme ça, mais je me suis un peu fait prendre à mon propre piège. Quand j’ai terminé l’écriture du roman il y a un mois je ne savais pas où l’envoyer. J’ai voulu demander conseil à un éditeur pour lequel je fais des lectures depuis deux ans. En lui confiant le tapuscrit, je lui ai précisé que je préférerais ne pas publier chez eux (parce que mon amoureux y publie)… par souci d’indépendance. Il a bien compris. Mais il se trouve qu’après l’avoir lu il l’a voulu “absolument” (je me pince encore – je n’y crois pas). Je me demande depuis si j’ai pris la bonne décision. Mais voilà. Je n’ai pas pu dire non, compte tenu de l’interprétation de l’éditeur qui m’a beaucoup touchée, et aussi du fait qu’il m’a assuré qu’arrivé par la poste il aurait voulu ce texte… Alors le bouquin sortira probablement en janvier prochain, chez Verticales. Le titre est encore incertain… Longue histoire, hein ? Mais je ne veux pas faire de promotion sur ce site… Et puis janvier est encore loin.
Quand même, quand ça sortira, on veut savoir ! On veut l’acheter !
Bon, bon (tu me fais très plaisir), je laisserai une trace sur ton blog, alors, ou je t’enverrai un courriel (je ne crois pas l’avoir… enfin je me débrouillerai pour te faire savoir).