à la manière de

23 mai 2011 § Poster un commentaire

Chaque matin, entre deux éternuements d’un vieux locataire voisin, il apercevait sa petite serviette en cuir élimé du travail, qui faisait l’inverse de trôner, pas très loin des biscottes, toujours trop offerte à sa vue, toujours gonflée, toujours qui débordait. Trop présente. Ennuyeuse.
Il se souvenait de son sac d’écolier à bandoulière, fait du même matériau : si au moins il osait gâcher l’intérieur de cette serviette sérieuse comme il l’avait fait mille fois dans son cartable, avec stylo, le long des trajets interminables du bus.
Le bic roulant sa bille dans le cuir moelleux, d’un léger, agréable sentiment de braver l’interdit pour vivre dangereusement : dessiner des monstres en prolongeant les lettres de son nom (inscrit par sa mère la veille de sa première rentrée), les monstres se prolongeant en arbres fruitiers ou bien en éléphants distordus, et plus tard en sexes de femme.
Non, la serviette de l’employé de bureau, à l’exception de son contenu, était désespérément vierge.

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