blanc
22 juin 2011 § 2 Commentaires
On pourrait marcher la tête en bas, ce serait pareil : le blanc. Le ruisseau Rimbaud gelé. Traverser le pont de terre qu’on devine à peine. La neige fouette le visage. Jouer à imiter la mort : imaginer ce que pourrait être une vraie béance. Couchée sur le blanc, le laisser s’accumuler sur soi, et penser de petits animaux extraordinaires. Mais, en réalité, jamais qu’un passage, leur passé. Les petits animaux : invisibles. Regarder leurs traces s’effacer rapidement avec le vent et sous l’ajout continuel : la poudrerie. Juste au-dessus, dans le ciel, de petites taches dépolies qui tombent, faisant un léger bruit, perceptible ici seulement, à l’orée du bois, à l’abri. Éprouver l’intacte solitude de l’enfance, la conscience triste du zéro, et de la matière. Se douter de la douleur, de la rareté. Ne s’apercevoir jamais. S’obliger à croire la beauté.
Par terre des traces. Mais où sont les animaux ? Êtres vus de ce que l’on ne voit pas. Les petits animaux extraordinaires nous voient sans être vus. Pouvoir ainsi les croire magnifiques, avec leurs mystères, leur langage obscur. Et pour la saison leur pelage est blanc. S’asseoir sur la glace du torrent gelé, de la voie creusée, perpendiculaire à la montée; souffler, dégager la poussière froide de sur ce miroir. Mais ne rien voir : aucun reflet, aucun poisson dessous. Qu’un frimas opaque, épais, solide, et des joncs figés, les quenouilles cassées sous le poids du froid, piquant, plongeant vers le bas, comme mes tresses balaient la glace. Agenouillée sur le ruisseau de verre, imaginer le loup, le lynx. Ouvrir les genoux, ouvrir l’œil et trouver du maïs, durci, tombé de la montée, ignoré des oiseaux.
Marcher sur la montée jusqu’à la forêt. Odeur de résine. Entrer.
Plein de bonnes »odeurs de résine » dans vos textes qui nous incitent »à croire la beauté » !
Merci beaucoup.