journal romain (3)
12 novembre 2012 § 1 commentaire
J’ai vu Rome, enfin !, l’autre nuit, quand tout tanguait. Toute la soirée au petit bar communiste qui fait aussi caviste, Via Del Monte della Farina, chez Marco et Giancarlo, on avait pas mal exagéré, à deux filles, avec rien dans l’estomac pour éponger.
Si je ne me trompe pas, j’ai vu Rome pile au moment où tout valsait, sur le chemin du retour, quand j’ai voulu enjamber une chaîne en acier qui passait à dix centimètres du sol, et que je me suis affalée sur les pavés irréguliers, boum. J’ai mis deux jours à découvrir la preuve que je n’ai peut-être pas rêvé : une mystérieuse ecchymose de la grandeur d’une main à l’intérieur de la cuisse gauche, comme si j’avais pendant des heures chevauché la cité en amazone. J’ai vu la ville danser, je le jure, j’ai aperçu la nuit romaine choquer un peu ses touristes monolithiques et, avec du bon vin, faire se prolonger le rire des travailleurs. Pile au moment où tout basculait, ciel flou renversé, je l’ai vue gonfler ses poumons généreux et cambrer les reins pour expirer, secouer ses ruines, dire de sa voix rauque : j’existe.
Bien senti et bien écrit.